Musique: Marguerite Monnot
Cet air, qui m'obsède jour et nuit,
Cet air n'est pas né d'aujourd'hui.
Il vient d'aussi loin, que je viens,
Traîné par cent mille musiciens.
Un jour cet air me rendra folle,
Cent fois j'ai voulu dire pourquoi,
Mais il m'a coupé la parole,
Il parle toujours avant moi
Et sa voix couvre ma voix.
Padam... padam... padam...
Il arrive en courant derrière moi.
Padam... padam... padam...
Il me fait le coup du souviens-toi.
Padam... padam... padam...
C'est un air, qui me montre du doigt
Et je traîne après moi, comme un drôle d'erreur.
Cet air, qui sait tout par cœur.
Il dit: "Rappelle-toi tes amours!
Rappelle-toi, puisque c'est ton tour!
'y a pas d'raison pour qu'tu n'pleures pas
Avec tes souvenirs sur les bras
Et moi, je revois ceux, qui restent.
Mes vingt ans font battre tambour.
Je vois s'entrebattre des gestes,
Toute la comédie des amours
Sur cet air, qui va toujours.
Padam... padam... padam...
Des "je t'aime" de quatorze-juillet.
Padam... padam... padam...
Des "toujours" qu'on achète au rabais.
Padam... padam... padam...
Des "veux-tu" en voilà par paquets
Et tout ça pour tomber juste au coin d'la rue
Sur l'air, qui m'a reconnue.
Écoutez le chahut, qu'il me fait,
Comme si tout mon passé défilait.
Faut garder du chagrin pour après.
J'en ai tout un solfège sur cet air, qui bat...
Qui bat, comme un cœur de bois.